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rie de la malade et succombe à son tour. Ainsi s’étend la contagion, et il peut arriver pour finir que la moitié d’une classe correspondant à la sixième inférieure des garçons se balance et aboie avec ensemble. Étant donné une semaine de temps chaud, deux majestueuses promenades par jour, un lourd repas de mouton et de riz au milieu de la journée, une certaine proportion de grincherie de la part des maîtresses, et quelques autres ingrédients, il s’ensuit des effets surprenants. C’est du moins ce que disent les gens qui ont assisté à la chose.

Or, la mère supérieure d’un couvent et le colonel d’un régiment d’infanterie britannique se scandaliseraient à bon droit de voir établir une comparaison quelconque entre leurs fonctions respectives. Il n’en est pas moins vrai que, dans certains cas, Tommy pris en masse, peut être amené à l’hystérie effervescente et caractérisée. Il ne pleure pas, à vrai dire, mais il manifeste son détraquement d’une façon indéniable, et les suites de l’accès figurent dans les journaux, et un tas de braves gens incapables de distinguer un martini d’un snider s’écrient : « Enlevez-lui donc ses munitions, à ce sauvage-là ! »

Tommy n’est pas un sauvage, et son devoir, qui est de veiller sur les honnêtes citoyens, exige qu’il ait des munitions sous la main. Il ne porte pas de