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donc que notre compagnie et celle des Tyrone se rencontrèrent au fond avec un vlan ! et se virent coincées au milieu des Pathans sans plus pouvoir bouger ?

— Ouf ! c’était une sale passe. On me pressait si fort que je pensais, crénom ! que j’allais bel et bien éclater, dit Ortheris, en se frottant l’estomac d’un air pensif.

— Ce n’était certes pas la place d’un petit homme ; mais c’est quand même un petit homme (et Mulvaney posa la main sur l’épaule d’Ortheris) qui m’a sauvé la vie ce jour-là. Nous restions là, car ces fichus Pathans ne reculaient pas d’un cran, et nous fichtre pas davantage, vu que notre rôle était de les déloger de là. Et le plus extraordinaire de tout c’est qu’eux et nous, nous nous étions précipités en plein dans les bras les uns des autres, et qu’on resta longtemps sans tirer. On ne se servait que du couteau et de la baïonnette quand on pouvait avoir les mains libres, et ça n’arrivait pas souvent. Nous étions corps à corps avec eux, et les Tyrone aboyaient derrière nous d’une façon dont je ne vis pas le sens tout d’abord. Mais je le compris plus tard, et les Pathans aussi.

« — Serrez les rangs ! que lance Croque avec un rire quand l’élan de notre arrivée dans la gorge se fut amorti.