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bêtes, celle que Lone sahib détestait le plus, c’étaient les chats. Il reprocha au porteur de ne l’avoir pas expulsé de la maison. Le porteur répondit que cet animal lui faisait peur. Toutes les portes de la chambre à coucher étaient restées fermées depuis le matin, et aucun vrai chat n’aurait absolument pu entrer dans la pièce. Il ne voulait rien avoir à faire avec cet animal.

Long sahib entra dans la chambre avec répugnance, et il vit sur l’oreiller de son lit, étalé et gémissant, un minuscule chaton blanc : non pas une petite bête vive et bondissante, mais une espèce de limace rampante, avec des yeux à peine ouverts et des pattes sans force ni rectitude de mouvements — un chaton qui aurait dû être dans un panier avec sa maman. Lone sahib le prit par la peau du cou, le remit au balayeur afin de le noyer, et infligea au porteur une amende de cinq annas.

Ce soir-là, comme il lisait dans sa chambre, il crut voir remuer quelque chose sur la carpette du foyer, hors du cercle de lumière projeté par sa lampe de lecture. Quand l’objet se mit à miauler, il comprit que c’était un chat — un minuscule chaton blanc, quasi aveugle et très misérable. Il se mit pour de bon en colère, et parla sévèrement à son porteur, lequel affirma n’avoir vu aucun chaton dans la pièce en y apportant la lampe, et que les vrais