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un service postal aérien, et des effets d’orchestre afin de se tenir à la hauteur de l’époque et d’embêter la concurrence.

Cette religion était trop élastique pour l’usage ordinaire. Elle s’étendait au point d’englober des fragments de tout ce que les sorciers de tous les temps ont jamais fabriqué. Elle approuvait la franc-maçonnerie et lui faisait des emprunts ; dépouillait de la moitié de leurs termes favoris les Rose-Croix-des-derniers-jours ; s’emparait des bribes de philosophie égyptienne qu’elle avait pu trouver dans l’Encyclopédie Britannique ; s’annexait toutes les parties des Védas traduites en français ou en anglais, et dissertait du reste ; s’appuyait sur les versions allemandes de ce qui subsiste du Zend Avesta ; encourageait la magie blanche, grise et noire, y inclus spiritisme, chiromancie, prédiction par les tarots, les noisettes brûlantes, les amandes à double noyau, et les coulures de bougie ; aurait adopté Voodoo et Oboe si elle les eût connus, et bref se montrait sous tous rapports l’une des synthèses les plus accommodantes qu’on eût jamais inventées depuis la naissance de la mer.

Lorsqu’elle fut en parfait ordre de marche, avec son mécanisme au complet jusques aux souscriptions, Dana Da survint de l’inconnu, avec rien dans les mains, et écrivit un chapitre de son histoire qui