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traient la houille, selon le cas, jusqu’à environ trois, six ou neuf mètres de la surface, et, une fois tout exploité, ne laissent qu’une pellicule de terre soutenue par quelques piliers de charbon. Dans une mine profonde, où l’on sait avoir à sa disposition une masse illimitée de matière, les hommes préfèrent sortir toute leur houille par un seul puits, plutôt que de forer une multitude de petits trous pour débiter le charbon de surface, relativement peu important.

Et le directeur contemplait la crue.

Le déversoir crachait un jet de trois mètres, mais l’eau montait toujours. Ordre fut donné de faire sortir les hommes du Vingt-Deux. Les cages montaient et remontaient sans cesse bourrées de ceux qui se trouvaient les plus proches de « l’œil de la fosse », comme s’appelle l’endroit d’où l’on peut voir le jour, au fond du puits principal. Au loin, tout au loin des longues galeries noires, les lampes à feu libre clignotaient et dansaient comme des lucioles, et hommes et femmes attendaient leur tour de prendre place dans les cages qui descendaient en tonnerre, ferraillantes et trépidantes, pour remonter aussitôt. Mais les chantiers de la périphérie étaient fort éloignés, et les chefs d’équipe et l’ingénieur avaient beau hurler, jurer, piétiner et se démener, l’ordre mit du temps pour y arriver.