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chez moi… y compris l’argent enterré sous le carreau ; car je craignais fort que les voleurs ne vinssent à pénétrer et à fouiller. Je dis la vérité : il n’y avait que très peu d’argent dans ma maison. Peut-être dix roupies… peut-être vingt. Comment puis-je le dire ? Dieu m’est témoin que je suis un pauvre homme.

Une nuit, quand j’eus dit à Ram Dass tout ce que j’avais dans mon cœur au sujet de la poursuite que je dirigerais contre le propriétaire, et que Ram Dass m’eut dit qu’il avait fait les arrangements avec les témoins, me donnant leurs noms par écrit, je fus pris à nouveau d’un grand malaise, et on me mit au lit. Quand je fus un peu rétabli — je ne puis dire combien de jours après — je m’enquis de Ram Dass, et ma sœur me dit qu’il était parti à Montgomery pour un procès. Je pris médecine et dormis très lourdement sans me réveiller. Quand j’ouvris les yeux, un grand silence régnait dans la maison de Ram Dass, et personne ne me répondit quand j’appelai… pas même la sœur de mon père. Cela m’emplit de crainte, car je ne savais pas ce qui était arrivé.

Prenant mon bâton en main, je sortis à pas lents et arrivai enfin à la grande place du puits, et ma rancune contre le propriétaire s’augmentait des douleurs que me causait chacun de mes pas.

J’allai trouver Jowar Singh, le charpentier, dont