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déposerait non seulement contre Nur Ali, Wajib Ali, Abdul Latif, et Elahi Baksh, mais contre le propriétaire, disant que lui-même, monté sur son cheval blanc, avait appelé ses hommes pour me battre ; et de plus qu’ils m’avaient volé trois cents roupies. Pour ce dernier témoignage, je remettrais un peu de sa dette à l’homme qui vendait les bracelets de laque, et il dirait qu’il avait mis l’argent entre mes mains et me l’avait vu voler de loin ; mais qu’ayant peur il avait pris la fuite. J’exposai ce plan à mon frère Ram Dass ; il me dit que l’arrangement était bon, et m’exhorta à prendre courage et à me dépêcher de me remettre sur pied. Durant ma maladie mon cœur était ouvert à mon frère, et je lui dis les noms de ceux que je voulais appeler comme témoins… tous de mes débiteurs, mais cela le magistrat-sahib ne pouvait en avoir connaissance, pas plus que le propriétaire. La fièvre ne me lâchait pas, et après la fièvre je fus pris de coliques et d’épreintes affreuses. Ce jour-là je crus ma fin venue, mais je sais maintenant que celle qui me donnait les médicaments, la sœur de mon père… une veuve au cœur de veuve… avait provoqué ma seconde maladie. Ram Dass, mon frère, me déclara que ma maison était fermée à clef, et me remit la grosse clef de porte avec mes livres, en même temps que toutes les espèces qu’il y avait