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adjoint… un Empêcheur-sahib… appelé Yunkum sahib. Oho ! il était dur… dur comme l’est le sahib qui va sans doute m’accorder l’ombrage de sa protection. Il avait des quantités d’yeux, Yunkum sahib, et il se déplaçait rapidement à travers son district. Comme il arrivait à l’improviste pour faire son carnage, et qu’avant le coucher du soleil il allait donner du tracas aux teshildars[1], à dix lieues de distance on l’appelait le Tigre de Gokral-Seetarun. Personne ne connaissait les allées et venues de Yunkum sahib. Il n’avait pas de repos, et lorsque son cheval était fatigué, il allait sur un char diabolique. Je ne sais pas comment cela s’appelle, mais le sahib se tenait au milieu de trois roues d’argent qui ne grinçaient pas, et les faisait aller avec ses jambes, en se pavanant comme un cheval nourri de fèves — tenez, comme ceci. L’ombre d’un faucon sur les champs n’est pas plus silencieuse que le char diabolique de Yunkum sahib. Il était ici ; il était là ; il était parti : et son rapport était fait, et il y avait du grabuge. Demandez plutôt au teshildar de Rohestri comment on a su qui volait les poules, sahib.

La chose arriva une nuit que nous dormions tous dans le thana comme d’habitude sur nos charpoys,

  1. Officiers de police.