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dacoits[1]. Nous étions tous de braves gens. En conséquence nous fûmes envoyés à ce thana qui était à trois lieues du poste le plus proche. Tout le jour et toute la nuit nous étions à l’affût des dacoits. Pourquoi le sahib rit-il ? Eh bien, soit, je ferai un aveu. Les dacoits étaient trop rusés, et, voyant cela, nous cessâmes de nous déranger. C’était dans la saison chaude. Que peut-on faire pendant les jours de chaleur ? Le sahib lui-même, qui est si robuste, est-il encore vigoureux, à ces moments-là ? Nous nous arrangeâmes avec les dacoits afin d’avoir la paix. Ce fut l’œuvre du havildar, qui était gros alors. Ha ! ha ! sahib, il est en train de maigrir à cette heure, dans la prison où il fait des tapis. Le havildar dit aux dacoits : « Ne nous ennuyez plus, et nous ne vous ennuierons plus. À la fin de la moisson, envoyez-nous un homme à conduire devant le juge, un homme d’esprit faible contre qui échouera l’accusation fictive. Ainsi nous sauverons notre honneur. » Les dacoits consentirent à cette proposition, et nous n’eûmes plus d’ennuis au thana, et nous pûmes rester tout le long du jour sur nos charpoys à manger des melons en paix. Doux comme la canne à sucre sont les melons de Howli.

Or il y avait dans ce district un commissaire-

  1. Brigands.