Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/202

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aurais épargné cette mésaventure. Du feu tissé ! Tout autre que des sauvages Kols l’auraient compris, et, si je connais leurs façons, ils ne vous reviendront jamais.

Il regarda l’autre bord de la rivière, où les convertis poursuivaient leurs lamentations et se vautraient dans les mares, et le rire disparut de son visage, car il vit que c’en était fait de la mission de Tubingue chez les Buria Kol.

Durant trois mois Lotta et Justus eurent beau s’attarder tristement sur les ruines de leur école déserte, jamais ils ne réussirent à amadouer une seule ouaille de leur troupeau, pas même celles qui donnaient le plus d’espérances. Non ! le feu de la Demeure des Méchants, le feu qui court à travers les membres et qui ronge les os, avait mis fin à la conversion. Qui oserait une seconde fois affronter l’ire de Dungara ? Le petit homme et sa femme pouvaient s’en aller ailleurs. Les Buria Kol ne voulaient plus d’eux. Un message officieux avertissant Athon Dazé que si l’on touchait à un cheveu de leurs têtes Athon Dazé et les prêtres de Dungara seraient pendus au fronton du temple par les soins de Gallio, protégea Justus et Lotta des lourdes flèches empoisonnées des Buria Kol, mais on ne déposa plus à leur porte ni poisson, ni volaille, ni miel, ni sel, ni cochonnet. Et, las ! l’homme ne peut