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des copains, car je ne vois pas pourquoi tu irais, toi, Learoyd, te prélasser le derrière dans un fauteuil de satin, comme si Térence Mulvaney n’était pas l’égal de tous les gens qui font le commerce du jute !

— T’occupe pas de moi, interrompt Ortheris, c’est simplement que la vie est ainsi. Ceux qui sont réellement destinés à faire l’ornement de la société n’obtiennent pas de paraître, tandis qu’un sacré type du Yorkshire comme toi…

— Non, que je dis, ce n’est pas d’un sacré type du Yorkshire qu’elle veut, c’est de Rip. C’est lui le héros du jour.

Ainsi donc le lendemain, Mulvaney, Rip et moi, nous allons chez Mme de Souza, et comme l’Irlandais était un inconnu pour elle, elle se trouvait un peu gênée au début. Mais vous savez comment parle Mulvaney et vous croirez sans peine qu’il ensorcela bel et bien la bourgeoise. Elle finit par nous avouer qu’elle voulait emmener Rip avec elle à Mussorie Pahar. Alors mon Mulvaney change de ton et lui demande d’un air solennel si elle songe aux conséquences, qui seraient de faire envoyer aux îles Andaman[1] deux pauvres mais honnêtes militaires. Mme de Souza commence à pleurer, et Mul-

  1. Lieu de déportation.