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rement, et mon percepteur en chef n’y fourre le nez que quand il est bien sûr qu’il n’y a pas de fièvre. Je suis le monarque de tout le pays que j’inspecte[1], et Athon Dazé est mon vice-roi.

Vu le mépris souverain de la vie humaine dont se vantait Gallio, — encore qu’il n’étendît pas ce principe à d’autres vies que la sienne, — il ne manqua pas de faire quarante milles à cheval jusqu’à la mission, portant sur l’arçon de sa selle une mignonne fillette brune.

— Voici quelque chose pour vous, mes révérends, dit-il. Les Kols laissent mourir les enfants qu’ils ont de trop. Pour ma part je n’y vois pas d’objection, mais vous pouvez quand même élever cette petite. Je l’ai ramassée au delà du confluent de la Berbulda. J’ai idée que la mère m’a suivi à travers bois depuis là.

— C’est la première ouaille du troupeau, dit Justus.

Et Lotta prit sur son sein la bestiole hurlante et l’apaisa avec habileté.

Cependant, telle une louve acharnée dans sa poursuite, Matui qui l’avait engendrée, et conformément à la loi de sa tribu l’avait exposée pour la lais-

  1. Cf. le vers de Cowper (Alexander Selkirk) :
    I am monarch of all I survey