Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/192

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leurs préjugés sans y réfléchir. Mais dites, mon ami, cette impartialité de jugement en matière de religion est très mauvaise.

— Ah baste ! fit Gallio, j’ai leurs personnes et leur district à surveiller, mais vous pouvez faire votre possible pour leurs âmes. Seulement ne vous conduisez pas comme votre prédécesseur, sinon je craindrais de ne pouvoir répondre de votre vie.

— Et que fit-il ? demanda résolument Lotta, tout en lui offrant une tasse de thé.

— Il monta au temple de Dungara… bien entendu il n’était pas familiarisé avec le pays… et se mit à taper avec son parapluie sur la tête de ce vieux Dungara ; si bien que les Buria Kol accoururent et tapèrent sur lui, assez férocement. J’étais dans la région, et il m’envoya par un coureur un billet disant : « Persécuté pour l’amour du Seigneur. Envoyez un bataillon. » Les troupes les plus proches étaient cantonnées à quelque quatre-vingts lieues de distance, mais je devinai ce qu’il avait fait. Je galopai jusqu’à Panth et parlai en père au vieux Athon Dazé, lui disant qu’un sage comme lui aurait dû se rendre compte que le sahib avait reçu un coup de soleil et qu’il était fou. De toute votre existence vous n’avez jamais vu personne plus marri. Athon Dazé fit des excuses, envoya du bois, du lait, des volailles et toutes sortes de choses ; et