Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/185

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Au sud de Delhi je ne connaissais plus du tout le pays. Donc je ne puis dire où j’allai, mais je passai par beaucoup de cités. Je savais seulement qu’il m’était imposé d’aller au sud. Quand les chevaux ne pouvaient plus avancer, je me couchais sur la terre et attendais le jour. J’ignorai le sommeil durant ce voyage, et c’était là un lourd fardeau. Connais-tu, mon frère, le mal de l’insomnie… alors que les os sont douloureux par manque de sommeil, et que la peau des tempes tressaille de lassitude, et que malgré tout… il n’y a pas de sommeil… il n’y a pas de sommeil ? Dray wara yow dee ! dray wara yow dee ! L’œil du soleil, l’œil de la lune, et mes propres yeux sans repos… tous les trois ne font qu’un ! tous les trois ne font qu’un !

Il y avait une ville dont j’ai oublié le nom, et la la Voix m’appela toute la nuit. C’était il y a dix jours. Mais elle m’a déçu à nouveau.

Je suis venu ici d’un endroit appelé Hamirpur, et voilà, mon destin veut que je t’aie trouvé pour mon réconfort et pour l’accroissement de notre amitié. Ceci est d’un bon présage. Dans la joie de voir ta face la fatigue a quitté mes pieds, et le chagrin de mon si long voyage est oublié. En outre mon cœur est paisible, car je sais que la fin est proche.

Il se peut que dans cette ville je trouve Daoud