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Non, ne regardez pas les pieds du bai. Le malheur est que je vous ai jadis enseigné à connaître les jambes d’un cheval. Il a le pied blessé ? En effet. Quoi d’étonnant ? Les chemins sont durs. Et la jument aussi boite ? Elle porte double fardeau, sahib.

« Et maintenant, je vous prie, donnez-moi la permission de partir. Grande faveur et grand honneur m’a faits le sahib, avec délicatesse il m’a montré sa croyance que mes chevaux sont des chevaux volés. Lui plaira-t-il de m’envoyer au thana[1]. D’appeler un balayeur et de me faire emmener par un de ces hommes-lézards ? Je suis l’ami du sahib. J’ai bu l’eau à l’ombre de sa maison, et il a noirci ma face ; Reste-t-il quelque chose de plus à faire ? Le sahib me donnera-t-il huit annas pour effacer l’injure et… compléter l’outrage ?

Pardonnez-moi, mon frère. Je ne savais pas… et maintenant encore je ne sais pas ce que je dis. Oui, je vous ai menti ! Je me répandrai de la poussière sur la tête… et je suis un Afridi ! Les chevaux sont boiteux pour avoir marché depuis la Vallée jusqu’ici, et mes yeux sont obscurcis et j’ai le corps douloureux par manque de sommeil, et mon cœur est desséché de chagrin et de honte. Mais de même

  1. Poste de police.