Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/172

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étalons balkhs par le gouverneur ! Ceci est une grande injustice, et Yar Khan est brûlant de rage. Et quant aux autres : Mahbub Ali est toujours à Pubbi, écrivant Dieu sait quoi ; Tugluq Khan est en prison pour l’affaire du poste de police de Kohat. Faiz Beg est revenu à la fin de l’année d’Ismaïl-Ki-Dhera avec une ceinture de Boukhara pour toi, mon frère, mais personne ne savait où tu étais parti. Tu n’avais pas laissé de nouvelles. Les Cousins ont pris un nouveau pâturage près de Pakpattan pour élever des mules destinées aux charrettes du gouvernement, et il court dans le bazar une histoire d’un prêtre… Oho ! quelle histoire salée ! Écoute…

Sahib, pourquoi demandez-vous cela ? Mes vêtements sont abîmés par la poussière de la route. Mes yeux sont rougis par l’éclat du soleil. Mes pieds sont gonflés parce que je les ai lavés dans de l’eau amère, et mes joues sont creuses parce que la nourriture d’ici est mauvaise. Que le feu brûle votre argent ! Quel besoin en ai-je ? Je suis riche et je vous croyais mon ami ; mais vous êtes comme les autres… un sahib. Un homme est-il triste ? Donnez-lui de l’argent, disent les sahibs. Est-il déshonoré ? Donnez-lui de l’argent, disent les sahibs. Lui a-t-on fait tort ? Donnez-lui de l’argent, disent les sahibs. Voilà les sahibs, et tu es ainsi… même toi.