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même ? » Et alors le colonel, qui ne savait pas se conduire avec les chiens, s’avise de l’attacher. Un chien vraiment épatant, et il n’y a pas à s’étonner que cette dame, Mme de Souza, se soit éprise de lui. Dans les dix commandements il y en a un qui dit : « Tu ne convoiteras pas le bœuf ni l’âne de ton prochain » ; mais il n’est pas question des fox-terriers, et il se peut que ce soit la raison pourquoi Mme de Souza convoita Rip, quoiqu’elle allât régulièrement à l’église avec son mari, qui était encore plus foncé qu’elle, tellement que, s’il n’avait pas eu un si bel habit sur le dos, on l’aurait qualifié de noir sans pour cela dire un mensonge. On racontait qu’il avait gagné ses pépètes dans le jute[1] et ça lui en avait rapporté rudement.

Or, voyez-vous, une fois Rip attaché, la santé de ce pauvre vieux frère commença de ne plus être fameuse. Aussi, comme j’avais le renom de m’y connaître en fait de chiens, la dame du colonel m’envoie chercher et me demande quelle est sa maladie.

— Eh bien, que je dis, il a attrapé le cafard, et ce qu’il lui faut c’est sa liberté et de la compagnie comme à nous tous ; il se pourrait bien que ça le ranimerait d’attraper quelques rats. C’est vulgaire,

  1. Chanvre du Bengale.