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« — Vous ne reviendrez pas, qu’il dit. Méfiez-vous de ne pas abîmer la clavette de culasse mobile avec votre baguette de nettoyage, ou sinon vous aurez des ennuis.

« Je m’en allai dehors, et j’aurais dansé de joie tant ça me paraissait beau.

« — Ils vont charger mon fusil, grand bien leur fasse, tandis que je ne suis pas là, que je pense, et je m’en retourne à la cantine pour leur donner toute latitude.

« La cantine se remplissait d’hommes ayant fini leur journée. Je fis semblant d’être fort pris de boisson, et un par un, tous ceux de ma chambrée arrivèrent, y compris Vulmea. Je m’en allai, marchant comme un homme ivre, mais je n’étais pas aussi ivre qu’on aurait pu le croire. Sûr et certain, une cartouche avait disparu de ma giberne et se trouvait en place dans mon fusil. La chambrée était vide. Brûlant de rage contre eux tous, j’arrachai la balle avec mes dents aussi vite que je pus, puis je pris ma botte et tapant sur la baguette fis sauter la clavette de culasse mobile. Ah ! quel bruit suave quand j’entendis cette clavette rouler sur le carreau ! Je la mis dans ma poche et, ramenant en arrière la culasse mobile, fourrai un peu de poussière dans les trous de la plaque.

« — Ça te fera ton affaire, Vulmea, que je dis,