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me firent signe de les rejoindre, à grands gestes de bienvenue.

— Attachez votre cheval, me cria Ortheris, et venez, monsieur. Nous allons tous nous mettre à l’aise dans ce sacré bateau.

De la tête de pont à la maison forestière il n’y a qu’un pas. Le garde était là, et il m’envoya un homme pour tenir mon cheval. Le sahib désirait-il autre chose ?… un verre de whisky… ou de la bière ? Ritchie sahib en avait laissé une demi-douzaine de bouteilles, mais comme le sahib était un ami de Ritchie sahib, et que lui, le garde, n’était qu’un pauvre homme…

Je fis ma commande tranquillement et m’en retournai au pont. Mulvaney avait ôté ses bottes et se trempait les pieds dans l’eau ; Learoyd s’était allongé à plat dos sur le ponton ; et Ortheris faisait semblant de ramer avec une perche de bambou.

— Je suis un vieil, idiot, dit pensivement Mulvaney, de vous avoir entraînés tous deux jusqu’ici parce que j’avais le cafard… et que je boudais comme un gosse. Moi qui étais déjà soldat quand Mullins, que le diable emporte, était encore à brailler en nourrice moyennant cinq shillings par semaine… qui n’étaient même pas payés ! Les gars, c’est par simple vice que je vous ai emmenés à huit kilomètres ! Pouah !