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se réjouirent ouvertement, dans l’espoir qu’il se propagerait et qu’on les enverrait sous la tente. Mais ce n’était qu’une fausse alerte.

Un samedi soir qu’il était tard, et que dans la double véranda les hommes attendaient la sonnerie de l’appel, Simmons alla au coffre sous son lit, en tira sa pipe, et laissa retomber le couvercle avec un fracas qui retentit comme un coup de fusil à travers la caserne vide. En temps normal les hommes n’y auraient pas fait attention ; mais ils avaient les nerfs tendus comme des cordes de violon. Ils se dressèrent d’un bond, et trois ou quatre se précipitèrent dans la chambre, où ils virent simplement Simmons agenouillé devant son coffre.

— Hein ! vrai, ce n’est que toi ? dirent-ils en riant niaisement. Nous pensions que c’était…

Simmons se releva avec lenteur. Si ce petit incident avait à un tel point troublé ses camarades, que ne ferait pas la réalité ?

— Vous pensiez que c’était… ah bah ! Et qu’est-ce qui vous l’a fait croire ? dit-il, empoigné par la folie à mesure qu’il parlait. Que le diable vous emporte, vous et vos suppositions, tas de sales mouchards.

« Simmons, tu es un so-ôr », ricana de la véranda le perroquet mi-endormi qui avait reconnu la voix familière.