Page:Kipling - Le Second Livre de la jungle.djvu/98

Cette page a été validée par deux contributeurs.
87
la descente de la jungle

— dit Frère Gris, comme Buldeo se baissait, regardait attentivement le sol, et soufflait. — Il a l’air d’un porc égaré dans les Jungles du bord de l’eau… Que dit-il ?

Buldeo grommelait quelque chose d’un air féroce. Mowgli traduisit :

— il dit qu’il faut que des meutes de loups aient dansé autour de moi !… Il dit qu’il n’a jamais vu de piste pareille dans sa vie… Il dit qu’il est fatigué.

— Il a le temps de se reposer avant de retrouver la trace ! — dit froidement Bagheera, en se coulant autour d’un tronc d’arbre, dans cette partie de cache-cache qu’ils étaient en train de jouer. Eh ! mais, que fait-il avec ses doigts maigres ?

— Il mange… ou bien il souffle de la fumée par la bouche… Les hommes jouent toujours avec leurs bouches, dit Mowgli.

Et les traqueurs silencieux virent le bonhomme bourrer une pipe à eau, l’allumer et en tirer une bouffée ; et ils prirent bonne note de l’odeur du tabac pour être sûrs de reconnaître Buldeo, le cas échéant, par la nuit la plus noire.

Un petit groupe de charbonniers descendit alors le sentier et fit halte, naturellement, pour parler à Buldeo dont la renommée, comme chasseur, s’éten-