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la descente de la jungle

— Et pourquoi ? Les hommes m’ont chassé. Que veulent-ils de plus ? — dit Mowgli avec colère.

— Tu es un homme, Petit Frère, repartit Akela, Ce n’est pas à nous, les Chasseurs Libres, de rapprendre ce que font tes frères, ou pourquoi.

Le temps à peine de ramasser sa patte, et le couteau se fichait profondément en terre juste au-dessous. Mowgli avait frappé si lestement que nul œil humain ordinaire n’eût pu suivre son geste. Mais Akela était un loup ; et le chien lui-même, si dégénéré du loup, son ancêtre sauvage, s’éveille à temps du plus profond sommeil au contact d’une roue de charrette à son flanc, et, avant que la roue ne soit sur lui, s’est mis, d’un bond, hors de danger.

— Une autre fois, dit Mowgli tranquillement, en remettant le couteau dans sa gaine, — tâche de parler du Clan des Hommes et de Mowgli en deux fois au lieu d’une.

— Phff ! Voilà une dent tranchante, dit Akela, en flairant l’entaille que la lame avait faite dans le sol ; — mais ton séjour dans le Clan des Hommes t’a gâté le coup d’œil, Petit Frère. J’aurais tué un chevreuil dans le temps que tu frappais.

Bagheera sauta sur ses pattes, leva la tête de toute la longueur de son cou, renifla, et chaque