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le second livre de la jungle


UNE CHANSON DE KABIR[1]


Le monde fut léger qu’il pesa dans ses mains !
Lourd le compte orgueilleux de ses fiefs et ses biens !
Il a quitté le trône et vêtu le suaire,
Bairagi désormais, il s’en va sur la terre !

La route blanche fait le tapis de ses pieds,
Le sal et le kikar le toit de son palais ;
Son foyer c’est le camp, la foule qui poudroie —
Bairagi désormais, il a choisi la Voie !

Sa prunelle a fixé l’homme sans se ternir
(Un seul fut, Un seul est, rien qu’Un seul, dit Kabir) ;
La Rouge Illusion de l’Acte fuit dissoute —
Bairagi désormais, il a tenté la Route !

Afin de recueillir la science et l’aveu
De son frère la brute et son frère le Dieu,
Il a fui le Conseil et vêtu le suaire
(Entends-tu ? dit Kabir), bairagi solitaire !

  1. Réformateur religieux de la fin du xive siècle, qui tenta de réconcilier l’Hindouisme et l’Islam.
    (Note des traducteurs.