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le miracle de purun bhagat

barasingh alourdi par la force expirante de Purun Bhagat.

Enfin, le cerf s’arrêta sous l’abri d’un épais bois de sapins, à cinq cents pieds d’élévation sur le versant de la montagne. Son instinct, qui l’avait averti de la catastrophe imminente, lui disait que là il serait sauf. Purun Bhagat tomba défaillant à ses côtés, car le froid de la pluie et cette furieuse ascension étaient en train de le tuer ; mais, d’abord, il cria dans la direction des torches dispersées en avant :

— Arrêtez, et comptez-vous !

Puis il murmura au cerf, lorsqu’il vit les lumières se grouper :

— Reste avec moi, Frère. Reste… jusqu’à ce que… je… m’en aille !


Dans l’air passa un soupir, qui se changea en murmure, puis en grondement, puis en fracas formidable par delà les limites de l’ouïe humaine ; et le versant de la montagne sur lequel se tenaient les villageois fut heurté dans l’obscurité, et vacilla sous le choc. Alors, une note aussi soutenue, profonde et sûre que le la d’en bas d’un grand orgue, étouffa tout autre son pendant près de cinq minutes, tandis que les sapins en vibraient jusqu’en