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le second livre de la jungle

L’appel courut de maison en maison, tandis que les bêtes, serrées dans l’étroite rue, ondulaient et se tassaient confusément autour du Bhagat, et que Sona soufflait d’impatience.

Les gens se précipitèrent dans la rue — ils n’étaient pas plus de soixante-dix en tout — et, à la lueur des torches, ils virent leur Bhagat retenir le barasingh terrifié, tandis que les singes s’accrochaient pitoyablement aux pans de sa robe, et que Sona, assis sur son train de derrière, hurlait.

— De l’autre côté de la vallée… et, sur la montagne en face ! — cria Purun Bhagat. — Ne laissez personne en arrière. Nous suivons !

Alors, les villageois coururent, comme, seuls, des montagnards, quand ils se mettent à courir ; car ils savaient que, dans un éboulement, il faut grimper le plus haut qu’on peut de l’autre côté de la vallée. Ils fuirent, pataugeant à travers la petite rivière qui coulait dans le fond, et grimpèrent, haletants, par les champs en terrasses du versant opposé, tandis que suivaient le Bhagal et ses frères. Ils montèrent toujours plus haut, sur la montagne vis-à-vis de la leur, se hélant les uns les autres par leurs noms — toute la liste d’appel du village — et sur leurs talons peinait le grand