Page:Kipling - Le Second Livre de la jungle.djvu/79

Cette page a été validée par deux contributeurs.
68
le second livre de la jungle

riture depuis… depuis ma venue, et si j’y mets du retard, il n’y aura plus demain, une seule bouche dans la vallée. En vérité, il me faut aller les prévenir en bas… Recule-toi, Frère !… Laisse-moi approcher du feu.

Le barasingh recula à contre-cœur, tandis que Purun Bhagat plongeait une torche au plus profond de la flamme, en la faisant tourner jusqu’à ce qu’elle fût bien allumée.

— Ah, vous êtes venus m’avertir, dit-il en se levant. — Nous allons faire mieux encore… mieux encore… En avant, maintenant, et prête moi ton cou, Frère, car moi, je n’ai que deux pieds.

Il empoigna de la main droite le garrot hérissé du barasingh, de la main gauche éleva la torche et sortit du temple dans la nuit désespérée.

Il n’y avait pas un souffle de vent, mais la pluie noyait presque la torche, tandis que le grand cerf se hâtait vers le bas de la côte, en patinant sur ses pieds de derrière. Dès qu’ils furent hors de la forêt, d’autres frères du Bhagat se joignirent à eux. Il entendit, bien qu’il ne pût les voir, les langurs se presser autour de lui, et, derrière eux, les ouhh ! ouhh ! de Sona. La pluie agglutinait en cordes les mèches de sa longue chevelure blanche