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le miracle de purun bhagat

Après le singe vint le barasingh. C’est un grand cerf, qui ressemble au nôtre, mais en plus vigoureux. Venu pour se soulager en frottant le velours de ses bois contre les pierres froides de la statue de Kali, il tressauta lorsqu’il vit l’homme sur le seuil du temple. Mais Purun Bhagat ne bougea pas, et, petit à petit, le cerf royal s’avança timidement de côté, et poussa son museau sous l’épaule de l’homme. Purun Bliagat glissa une main fraîche le long des andouillers brûlants ; le contact apaisa l’animal enfiévré, qui baissa la tête, tandis que Purun Bhagat frottait le velours des bois et le détachait doucement. Par la suite, le barasingh amena sa femelle et son faon — douces bêtes qui restaient à ruminer sur la couverture du saint homme — ou bien il venait seul, la nuit, les yeux verts du reflet de La flamme dansante, prendre sa part d’un repas de noix fraîches. Enfin, le daim musqué, le plus timide et le plus petit de sa race, vint aussi, ses larges oreilles de lapin toutes droites ; il n’est pas jusqu’au silencieux mushick-nabha, dans sa robe mouchetée, qui ne voulût se rendre compte de ce que signifiait cette lumière dans le temple, et fourrer son nez de souris dans le giron de Purun Bhagat, allant et venant comme les ombres du feu.