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le miracle de purun bhagat

Sitala, et qu’on implore quelquefois contre la petite vérole.

Purun Dass en balaya les dalles de pierre, adressa un sourire à la statue grimaçante, se construisit un petit âtre de glaise derrière le temple, étendit sa peau d’antilope sur un lit d’aiguilles de pin fraîches, remonta sous son aisselle son bairagi — la béquille à poignée de cuivre — et s’assit pour se reposer,

Immédiatement au-dessous de lui, le flanc de la montagne tombait à pic, tranché net sur une profondeur de quinze cents pieds, jusqu’à un petit village aux maisons de pierre sous des toits de terre battue, qui se cramponnait au versant escarpé. Tout autour, de minuscules champs en terrasses s’étendaient comme un tablier rapiécé, jeté sur les genoux de la montagne, et des vaches, pas plus grosses que des scarabées, paissaient parmi les dalles unies des aires à battre le blé. En regardant à travers la vallée, l’œil se trompait aux dimensions des objets, sans pouvoir de prime abord se rendre compte que tel buisson au ras du versant opposé de la montagne était en réalité une forêt de sapins hauts de cent pieds. Purun Bhagat vit un aigle fondre à travers l’immense abîme ; mais le grand oiseau ne fut déjà