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le second livre de la jungle

Buldeo pour te tuer. Ils t’auraient jeté dans la Fleur Rouge. C’est toi, et non pas moi, qui les as traités de méchants et de fous. C’est toi, et non pas moi — car, moi, je suis les miens — qui as lâché sur eux la Jungle. C’est toi, et non pas moi, qui as fait contre eux des chansons plus amères que la nôtre même contre le Chien Rouge.

— Je te demande ce que, toi, tu penses ?

C’était en courant qu’ils causaient. Frère Gris fit un temps de galop sans répondre ; puis il dit, et ses bonds semblaient rythmer les paroles :

— Petit d’Homme… Maître de la Jungle… Fils de Raksha… Mon frère de liteau… bien que j’oublie parfois au printemps, ta trace est ma trace, ton gîte est mon gîte, ta chasse est ma chasse, et ton dernier combat sera le mien. Je parle au nom des Trois. Mais que diras-tu à la Jungle ?

— C’est juste. Entre la vue et le coup, il est mauvais d’attendre. Va devant et convoque-les au Rocher du Conseil, je vais leur dire ce que j’ai dans l’esprit. Mais peut-être ils ne viendront pas. — Au Temps du Nouveau Parler, il se peut qu’ils m’oublient.

— N’as-tu donc rien oublié ? — jappa Frère Gris par-dessus son épaule, en allongeant le galop.