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la course de printemps

son effet après une course de quarante milles ; aussi, s’étant pelotonné, il dormait profondément une minute après. Messua écarta sa chevelure de ses yeux et jeta sur lui une couverture. Elle se sentait heureuse.

À la mode de la Jungle, il dormit le reste de la nuit et tout le jour suivant, car son instinct qui, lui, n’était jamais tout à fait endormi, l’avertissait qu’il n’avait rien à craindre. Il s’éveilla enfin d’un bond qui ébranla la hutte, car l’étoffe qui lui couvrait le visage l’avait fait rêver de trappes. Et il restait debout, la main sur son couteau, roulant ses yeux lourds encore de sommeil, en garde, à tout hasard.

Messua se mit à rire et posa devant lui le repas du soir. C’étaient seulement quelques grossiers gâteaux qui sentaient la fumée, un peu de riz, des conserves de tamarins acides…, juste assez pour le soutenir jusqu’à ce qu’il pût abattre sa proie du soir. L’odeur de la rosée dans les marais lui donnait faim et l’agitait. Il voulait terminer sa course de printemps, mais l’enfant insistait pour rester dans ses bras, et Messua s’était mis en tête de peigner ses longs cheveux d’un noir bleu. Elle chantait, en le peignant, d’absurdes petites chansons enfantines, tantôt appelant Mowgli son fils, tantôt