Page:Kipling - Le Second Livre de la jungle.djvu/366

Cette page a été validée par deux contributeurs.
357
la course de printemps

— Mais ce n’est plus mon fils. C’est un jeune dieu des bois ! Ahai !

Debout dans la lumière rouge de la lampe, grand, fort et beau, ses longs cheveux noirs balayant ses épaules, son couteau pendu à son cou, et la tête couronnée d’une guirlande de jasmin blanc, on eût pu aisément le prendre pour quelque divinité sauvage d’une légende des jungles. L’enfant, à moitié endormi dans un berceau, se dressa terrifié, en poussant des cris aigus de terreur. Messua se retourna pour l’apaiser, tandis que Mowgli restait immobile, contemplant du dehors les cruches, les marmites, la huche, et tous autres ustensiles humains qu’il se surprenait à reconnaître si bien.

— Que veux-tu manger ou boire ? murmura Messua. Tout ce qui est ici est à toi. Nous te devons la vie. Mais es-tu bien celui que j’appelai Nathoo, ou n’es-tu pas, en vérité, un jeune dieu ?

— Je suis Nathoo, répondit Mowgli. Me voici très loin de chez moi. J’ai vu cette lumière et je suis venu jusqu’ici. Je ne savais pas t’y trouver.

— Après notre arrivée à Khanhiwara, dit Messua timidement, les Anglais étaient prêts à nous aider contre ces villageois qui avaient tâché de nous brûler. T’en souviens-tu ?