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le second livre de la jungle

et toutes les voix de la Jungle grondaient comme une corde basse de harpe qu’aurait touchée la lune — la pleine lune du Nouveau Parler qui éclaboussait du flot de sa lumière la roche et l’étang, glissait entre le tronc de l’arbre et la liane, et filtrait au travers des millions de feuilles. Malheureux comme il était, Mowgli chantait tout haut de ravissement, en se mettant en route. Sa marche ressemblait plus au vol d’un grand oiseau qu’à autre chose, car il avait choisi la longue rampe descendante qui mène aux Marais du Nord par le cœur même de la maîtresse Jungle, où le sol élastique amortissait le bruit de ses pas. Un homme élevé parmi les hommes ne s’y fût frayé un chemin qu’en trébuchant à chaque pas dans le clair de lune trompeur, mais les muscles de Mowgli, entraînés par des années d’exercice, l’emportaient comme une plume. Quand une souche pourrie ou une pierre invisible tournaient sous son pied, il se remettait d’aplomb sans jamais ralentir, sans effort, inconsciemment. Lorsqu’il était fatigué de courir sur le sol, il saisissait des mains, à la façon des singes, la liane la plus proche, et semblait flotter plutôt que grimper vers les branches minces d’où il faisait route par les cimes, jusqu’à ce qu’au gré d’un nouveau caprice il se