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le second livre de la jungle

gle défend le duel en vue du Clan.) Ils avaient les poils du cou aussi raides que des fils de fer, et ils aboyaient furieusement, en rampant l’un vers l’autre chacun guettant l’avantage du premier coup de dent.

Mowgli ne fit qu’un bond, saisit de chaque main les gorges tendues, comptant bien terrasser les deux bêtes, comme il avait fait maintes fois par jeu ou dans les chasses du Clan. Mais jamais encore il n’était intervenu dans un duel de printemps. Les deux loups s’élancèrent en avant, le jetèrent de côté si violemment qu’il tomba, et, sans mots inutiles, roulèrent étroitement enlacés.

Mowgli s’était remis sur pied presque avant de tomber, son couteau nu, comme ses dents blanches ; et, à cette minute, il les eût tués tous deux, sans motif, simplement parce qu’ils se battaient, alors qu’il les voulait en paix, bien que la loi confère plein droit à tous les loups de se battre librement. Il dansa autour d’eux, les épaules ramassées, et la main frémissante, prête à lancer un double coup de pointe aussitôt tombée la première fièvre de l’assaut ; mais, pendant qu’il attendait, la force parut abandonner son corps, la pointe du couteau s’abaissa, il le remit dans sa gaine, et regarda.

— J’ai mangé du poison, dit-il enfin. Depuis que