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la course de printemps

mer de pourpre et d’or, puis fouettées de lumière, s’évanouirent, tandis que les rayons venaient obliquement zébrer les gazons desséchés sur lesquels reposaient Mowgli et Bagheera. C’était la fin de la saison fraîche, les feuilles et les arbres paraissaient vieux et fanés, et l’on entendait un bruissement accompagné d’un tic-tac saccadé lorsque le vent soufflait. Une petite feuille tapotait furieusement contre une branche, comme fait une feuille isolée dans un courant d’air. Elle réveilla Bagheera, qui flaira l’air matinal d’un reniflement creux et profond, se jeta sur le dos et se mit à donner des coups de pattes en l’air, dans la direction de la feuille qui dansait au-dessus.

— C’est le tournant de l’année, dit-elle. La Jungle se met en route. Le Temps du Nouveau Parler approche. Cette feuille le sait. Comme c’est bon !

— L’herbe est sèche, répondit Mowgli qui en arracha une touffe. L’Œil-du-Printemps lui-même (c’est une fleurette rouge, on dirait de cire, au calice en forme de trompette, qui pointe ou se blottit parmi les herbes) — l’Œil-du-Printemps lui-même n’est pas encore ouvert, et… Bagheera, est-ce convenable pour la Panthère Noire de se coucher ainsi