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le second livre de la jungle

mit Akela sur ses pattes, les bras noués autour de lui, et le Solitaire aspira une longue gorgée d’air et commença le Chant de Mort qu’un chef de Clan doit chanter lorsqu’il va mourir. La voix prit peu à peu de la force, s’éleva graduellement, retentissant au loin par-dessus la rivière, jusqu’au dernier « Bonne Chasse ! »

Alors, Akela se dégagea de Mowgli un instant, fit un bond et retomba en arrière, mort, sur sa dernière et plus redoutable proie.

Mowgli s’assit, la tête sur les genoux, sans faire attention à rien, tandis que les derniers dholes, rejoints par les impitoyables lahinis, succombaient sous leurs coups. Petit à petit, les cris s’éteignirent, et les loups revinrent en boitant, tout raides de leurs plaies durcies, pour compter les morts.

Quinze loups du clan, et une demi-douzaine de lahinis gisaient morts le long de la rivière. Des autres, pas un qui n’eût été touché. Mowgli ne bougea pas jusqu’au petit jour ; alors, le museau humide et rouge de Phao se posa sur sa main, et Mowgli recula en démasquant le corps décharné d’Akela.

— Bonne chasse ! dit Phao, comme si Akela était encore vivant.