Page:Kipling - Le Second Livre de la jungle.djvu/328

Cette page a été validée par deux contributeurs.
319
chien rouge

flait comme une bulle dans l’eau d’un tourbillon, puis, éclatait comme elle, en rejetant quatre ou cinq chiens mutilés, dont chacun s’efforçait de regagner le centre ; là, un loup isolé, étouffé sous deux ou trois dholes, les traînait avec lui, cédant à mesure sous leur poids ; ailleurs, un louveteau de l’année surnageait soulevé par la pression environnante, quoiqu’il eût été tué au début du combat, tandis que sa mère, folle de rage muette, fonçait de l’avant, mordant tout au passage ; au plus épais de la mêlée, il arrivait qu’un loup et un dhole, oubliant tout le reste, dans leurs manœuvres à qui planterait ses crocs le premier, se trouvaient soudain balayés par un flot hurlant de combattants. Une fois, Mowgli croisa Akela, un dhole à chaque flanc, et ses mâchoires, aux trois quarts édentées, refermées sur les reins d’un troisième ; une autre fois, il vit Phao les crocs plantés dans la gorge d’un dhole, remorquant la bête rétive jusqu’aux louveteaux qui l’achèveraient. Mais le gros du combat n’était que mêlée aveugle, étouffement dans les ténèbres, chaos de coups, de pieds trébuchants, de culbutes, de glapissements, de plaintes et de Pille ! Pille ! Pille ! autour de Mowgli, derrière lui et au-dessus.