tard. Une ligne d’yeux de braise bordait la rive, et, sauf l’horrible cri du Pheeal, qui ne s’était pas arrêté depuis le coucher du soleil, on n’entendait aucun bruit dans la Jungle. On eût dit que Won-tolla leur faisait des grâces pour les attirer vers la berge. Soudain :
— Par le flanc, et d’attaque ! commanda le chef.
Le clan tout entier s’élança vers la rive, barbotant et clapotant dans l’eau basse ; la surface de la Waingunga blanchit, fouettée d’écume, et de grandes rides s’en allèrent de bord à bord onduler comme les vagues sous l’étrave d’un bateau. Mowgli suivit la charge, pointant et tranchant dans la masse des dholes dont l’élan escaladait la grève comme un flot.
Alors commença la longue bataille. Ondulant, peinant, rompue, dispersée, mêlée ou par groupes, elle roulait à travers les sables rouges du rivage détrempé, les racines enchevêtrées des arbres, l’intervalle et l’épaisseur des buissons, et les mottes gazonnées ; car, même à présent, les dholes étaient deux contre un. Mais ils avaient devant eux des loups unis pour défendre tout ce qui faisait la force du clan, et, parmi ceux-ci, non seulement les chasseurs à solide carrure, à long souffle et à crocs