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le second livre de la jungle

milles environ des Rochers aux Abeilles. Depuis le dernier arbre jusqu’à la brousse naine des Rochers aux Abeilles, s’étendait un espace libre où il y avait à peine de couvert pour cacher un loup. Mowgli trotta sous les arbres, évaluant les distances d’une branche à l’autre, grimpant de temps en temps à un tronc, et s’essayant à bondir d’arbre en arbre, jusqu’au terrain découvert qu’il étudia avec le plus grand soin durant une heure. Après quoi, il s’en retourna, reprit la trace de Won-tolla où il l’avait laissée, s’installa dans un arbre dont une branche s’allongeait horizontalement à huit pieds environ du sol, accrocha son bouquet d’ail à la fourche de deux branches, et resta là, tranquillement, à aiguiser son couteau sur la plante de son pied.

Un peu avant midi, dans la grande chaleur du soleil, il entendit un bruit de pattes sur le sol et sentit l’abominable odeur du dhole, dont le clan trottait, sans trêve ni merci, sur la trace de Won-tolla. Vu d’en l’air, le dhole rouge ne parait pas moitié aussi gros qu’un loup. Mais Mowgli savait de quelle force étaient doués ses pieds et ses mâchoires. Il guetta le museau pointu d’un chien bai, le conducteur, en train de flairer la piste, et lui cria :

— Bonne chasse !