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le second livre de la jungle

d’un homme qui avait été tué par un sanglier, et comment il traqua le sanglier et le tua en juste paiement du couteau ; comment, pendant la grande famine, il se trouva pris dans la migration des cerfs et faillit périr écrasé parmi le reflux des hordes fumantes ; comment il sauva Hathi, le Silencieux, d’une fosse dont le fond était armé d’un pieu, et comment, le jour suivant, il tomba lui-même dans une trappe à léopards des plus ingénieuses, dont Hathi brisa autour de lui les épais madriers ; comment il alla traire les buffles sauvages dans les marécages, et comment…

Mais il faut raconter une histoire à la fois.

Père Loup et Mère Louve moururent, et Mowgli roula une grosse pierre contre la bouche de la caverne et pleura sur eux le Chant de Mort. Baloo devint très vieux et tout raide, et Bagheera même, dont les nerfs étaient d’acier et les muscles de fer, semblait plus lente à tuer. Akela tourna du gris au blanc de lait par l’effet de l’âge ; ses côtes saillaient, il marchait comme s’il eût été en bois, et Mowgli tuait pour lui. Mais les jeunes loups, les fils du Clan débandé de Seeonee, croissaient et multipliaient, et lorsqu’ils atteignirent le chiffre d’une quarantaine, tous loups de cinq ans sans maître, de pied net,