C’était bon de se remettre à manger du foie de phoque, de verser, sans y regarder, la graisse dans les lampes, et de voir la flamme briller à trois pieds de haut ; mais, aussitôt la nouvelle glace en état de les porter, Kotuko et la jeune fille chargèrent le traîneau à main et firent tirer les deux chiens comme jamais ils n’avaient tiré de leur vie, car il fallait redouter ce qui avait pu se passer dans le village. Le temps était toujours aussi impitoyable ; mais on tire plus aisément un traîneau chargé de vivres qu’on ne chasse volontiers à jeun. Ils laissèrent vingt-cinq cadavres de phoques ensevelis dans la glace du rivage, tout prêts au besoin, et se hâtèrent vers les leurs. Les chiens leur montrèrent la route, dès que Kotuko leur eut dit ce qu’on attendait d’eux, et, bien que rien n’indiquât la terre, en deux jours ils donnaient de la voix aux portes du village de Kadlu. Trois chiens seulement leur répondirent : les autres avaient été mangés, et les maisons étaient presque plongées dans l’obscurité. Mais Kotuko cria : « Ojo ! » (viande bouillie), et des voix faibles lui répondirent ; et, quand il fit l’appel du village, nom par nom, à voix très distincte, il n’y avait pas de manquants.
Une heure plus tard, les lampes flambaient dans