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leur for intérieur, moins malheureux qu’auparavant. Si la banquise cédait, il n’y aurait plus ni attente ni souffrance. Les esprits, les lutins et le monde des sorciers erraient sur la glace convulsée, et tous deux allaient pénétrer peut-être dans le domaine de Sedna, côte à côte, avec toutes sortes de choses sauvages, encore dans l’éclat de leur exaltation. Quand ils quittèrent la hutte après la tempête, le bruit grandissait à l’horizon d’une façon continue, et la glace compacte gémissait et bourdonnait autour d’eux.

— C’est encore là, dit Kotuko…

Au sommet d’un hummock se tenait, couchée ou tapie, la Chose à huit pattes qu’ils avaient vue trois jours auparavant, et elle hurlait horriblement.

— Suivons, dit la jeune fille. Peut-être connaît-il quelque route qui ne mène pas à Sedna.

Mais elle chancela de faiblesse en prenant la corde pour tirer le traîneau. La Chose s’éloignait lentement et pesamment le long des crêtes, en se dirigeant toujours vers l’Ouest et la terre, et ils suivirent, tandis que le grondement de tonnerre, sur le bord de la banquise, roulait de plus en plus près. La lèvre de la banquise se fendait et se crevassait dans toutes les directions sur trois ou qua-