yeux. Ils n’avaient rien attrapé, pas même aperçu trace de gibier depuis leur départ du village, leurs provisions ne pourraient durer une autre semaine, et une tempête menaçait. Or une tempête polaire peut souffler pendant dix jours sans interruption, et, tout ce temps, c’est mort certaine de se trouver dehors. Kotuko éleva une maison de neige assez grande pour y remiser le traîneau à main (il n’est jamais sage de se séparer de ses vivres) et, pendant qu’il façonnait le dernier bloc de glace qui forme la clef de voûte du toit, il vit une Chose qui l’observait du haut d’une petite falaise de glace, à un demi-mille de là. L’atmosphère était brumeuse, et la chose semblait avoir quarante pieds de long et dix pieds de haut, avec vingt pieds de queue et une silhouette aux contours tremblotants. La jeune fille la vit aussi ; mais au lieu de pousser des cris de frayeur, elle dit avec calme :
— C’est Quiquern. Que va-t-il arriver ?
— Il va me parler, répondit Kotuko.
Mais le couteau à neige tremblait dans sa main, car, pour grande que soit l’amitié qu’un homme se flatte d’entretenir avec des esprits étranges ou hideux, il aime rarement à être pris tout à fait au mot. Quiquern, par-dessus le marché, n’est autre