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Jusqu’à ce moment, la jeune fille qui était venue des pays du Nord avait passé ses journées près de la lampe, mangeant fort peu et parlant moins ; mais, comme le matin suivant, Amoraq et Kadlu chargeaient et ficelaient un petit traîneau à main pour Kotuko, après avoir emballé son attirail de chasse avec autant de graisse et de viande de phoque gelée qu’ils en pouvaient épargner, elle s’empara de la corde pour le tirer, et vint se placer hardiment aux côtés du jeune garçon.

— Ta maison est ma maison, — dit-elle, tandis que sur ses patins d’os le petit traîneau grinçait et cahotait derrière eux à travers la sombre nuit arctique.

— Ma maison est ta maison, dit Kotuko, mais je pense que c’est chez Sedna que nous allons ensemble.

Or, Sedna est la maîtresse du monde inférieur, et les Inuit croient que tous ceux qui meurent doivent passer une année dans son horrible empire avant d’aller au Quadliparmiut, le Séjour Bienheureux, où il ne gèle jamais et où les rennes gras accourent à votre appel.

Dans tout le village les gens se criaient :

— Les tornaits ont parlé à Kotuko. Ils vont lui