bout de son épingle, le fumeron de la mèche, quand une lueur inattendue brillait pour un moment, et les yeux de toute la famille suivaient sa main. L’horreur de la famine, là-haut dans le grand froid, est moindre que l’effroi de mourir dans les ténèbres. Tous les Inuit redoutent la nuit qui s’appesantit sur eux sans intervalle pendant six mois chaque année ; et, quand les lampes sont basses dans les maisons, les cerveaux des gens commencent à s’emplir d’inquiétude et de trouble.
Mais on allait voir pire encore.
Les chiens, mal nourris, jappaient et grondaient dans les couloirs, leurs yeux flambant vers les froides étoiles, humant nuit sur nuit le vent âpre. Quand ils s’arrêtaient de hurler, le silence retombait massif et lourd comme un amas de neige contre une porte, et les hommes pouvaient entendre leur sang battre dans les étroits conduits de leurs oreilles, et les chocs sourds de leurs propres cœurs sonnant aussi haut que des tambours magiques battus sur la face des neiges. Une nuit, Kotuko, le chien, qui s’était montré particulièrement maussade sous le harnais, se leva d’un saut et poussa sa tête contre le genou de Kotuko. Le garçon le caressa, mais le chien continuait de pousser, d’un effort aveugle,