Page:Kipling - Le Second Livre de la jungle.djvu/249

Cette page a été validée par deux contributeurs.
240
le second livre de la jungle

long des longues journées sous la lumière de la lampe, en raccommodant leurs vêtements et leurs équipements de chasse.

Or, un terrible hiver, tout les trahit. Les Tununirmiut, revenus de leur pêche annuelle du saumon, construisirent leurs maisons sur la glace nouvelle, au nord de l’île de Bellot, prêts à marcher au phoque dès que la mer gèlerait. Mais l’automne fut précoce et sauvage. Tout septembre durant, des bourrasques continuelles soulevèrent la glace unie, que les phoques préfèrent, aux endroits où elle ne mesurait que quatre ou cinq pieds d’épaisseur, et la rejetèrent vers l’intérieur, amoncelant ainsi, sur vingt milles de large environ, une grande barrière de blocs déchiquetés en aiguilles, sur laquelle il était impossible de faire courir les traîneaux. Le bord de la banquise d’où les phoques avaient coutume de pêcher en hiver se trouvait à peut-être vingt milles au-delà de cette barrière et hors d’atteinte pour les Tununirmiut. Malgré cela, ils auraient pu s’arranger pour passer péniblement l’hiver avec leur provision de saumon gelé, leurs conserves de graisse et le produit de la chasse au piège ; mais, en décembre, un de leurs chasseurs tomba sur un tupick, une tente de peaux, sous lequel il