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le second livre de la jungle

tripoté. Kotuko lui fabriqua un tout petit harnais muni de traits, et le remorquait partout sur le sol de la maison, en criant :

— Aua ! Ja aua ! (Va-t’en à droite.) Choiachoi ! Ja choiachoi ! (Va-t’en à gauche.) Ohaha ! (Arrête.)

Le petit chien n’aimait pas du tout cela ; mais de menues tracasseries de cette sorte, c’était encore du bonheur à côté de ce qui l’attendait la première fois qu’on le mit au traîneau. Il s’assit tout simplement sur la neige et se mit à jouer avec les traits en peau de phoque qui rattachaient son harnais au pitu, la grosse courroie de l’arc du traîneau ; puis, l’attelage partant, le petit chien se trouva tout à coup bousculé par le lourd traîneau de dix pieds, traîné et roulé dans la neige, tandis que Kotuko riait aux larmes. Vinrent ensuite des jours interminables où le fouet barbare sifflait comme le vent sur la glace, où ses compagnons le mordaient tous parce qu’il ne connaissait pas l’ouvrage, où le harnais l’écorchait, et où, n’ayant plus la permission de coucher avec Kotuko, il devait, au contraire, se contenter de la place la plus froide dans le couloir. Ce fut une triste époque pour le petit chien.

Le garçon apprenait de son côté aussi vite que