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le second livre de la jungle

j’en ai, sur la lampe, un petit qui hurlera fort. Sarpok ! Allez coucher !

Il rentra en rampant par-dessus le pêle-mêle des chiens, secoua de ses fourrures la poussière de neige avec le martinet de baleine qu’Amoraq tenait pendu près de la porte, tapota la peau qui doublait le toit, pour en détacher les glaçons qui auraient pu tomber du dôme de neige, et se roula en boule sur le banc. Les chiens, dans le couloir, ronflaient et geignaient en dormant, le dernier-né d’Amoraq jouait des pieds, toussait et gargouillait au fond de l’épais capuchon de fourrure maternel, et la mère du petit chien nouvellement baptisé reposait à côté de Kotuko, les yeux fixés sur le sac de peau de phoque qui pendait au chaud et à l’abri au-dessus de la large flamme jaune de la lampe.

Et tout cela se passait loin, là-bas, dans le Nord, au-delà du Labrador, au-delà du détroit d’Hudson, où les grandes marées crèvent la glace, au nord de la péninsule de Melville — au nord même des étroits passages de la Fury et de l’Hécla — sur le rivage septentrional de la Terre de Baffin, où l’île de Bylot se dresse au-dessus des glaces du détroit de Lancastre comme un bol à pudding renversé. On ne connaît pas grand-chose plus haut que le