Page:Kipling - Le Second Livre de la jungle.djvu/226

Cette page a été validée par deux contributeurs.
215
l’ankus du roi

— Suivons. Mais où est la chose qui boit le sang d’éléphant… l’épine à l’œil rouge ?

— Le Petit Pied l’a… peut-être. Il n’y a plus, de nouveau, qu’un seul pied maintenant.

La trace unique d’un homme agile qui avait couru vite, un fardeau sur l’épaule gauche, persistait autour d’une longue bande basse de gazon sec en forme d’éperon, où chaque empreinte, aux yeux perçants des traqueurs, semblait marquée au fer rouge.

Ils ne parlèrent ni l’un ni l’autre jusqu’à ce que la trace aboutît aux cendres d’un feu de camp, caché dans un ravin.

— Encore ! — dit Bagheera, en s’arrêtant net, comme si on l’avait changée en pierre.

Le corps recroquevillé d’un petit Gond gisait là, les pieds dans les cendres, et Bagheera interrogea Mowgli du regard.

— On a fait cela avec un bambou, — dit le garçon après un coup d’œil. — J’en usais avec les Buffles lorsque je servais le Clan des Hommes. Le Père des Cobras — je regrette de m’être moqué de lui — connaissait bien la race, comme j’aurais dû la connaître. N’ai-je pas dit que les hommes tuaient pour le plaisir ?