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le second livre de la jungle

très vite. La trace est claire. Que chacun de nous suive la sienne. Je cours toujours !

Bagheera bondit le long des nettes empreintes, et Mowgli suivit les pas du Gond. Pour un moment, il n’y eut que silence dans la Jungle.

— Où es-tu, Petit Pied ? cria Bagheera.

La voix de Mowgli lui répondit à cinquante mètres à peine sur la droite.

— Hum ! dit la panthère avec une toux grave. Tous deux coururent l’un à côté de l’autre en se rapprochant.

Ils galopèrent encore un demi-mille, en gardant toujours à peu près la même distance, jusqu’à ce que Mowgli, dont la tête n’était pas aussi près de terre que celle de Bagheera, criât :

— Ils se sont rencontrés. Bonne chasse… regarde ! Ici se tenait le Petit Pied, son genou sur un rocher… et là-bas est le Grand Pied.

À dix mètres à peine, en face d’eux, étendu en travers d’un monceau de pierrailles, gisait le corps d’un villageois du district, le dos et le flanc transpercés par la petite flèche empennée et frêle d’un Gond.

— Le Thuu était-il si vieux et si fou, Petit Frère ? dit Bagheera doucement. — Voici toujours un mort.