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l’ankus du roi

battaient furieusement de droite et de gauche.

— Tue ! — dit Kaa, comme Mowgli portait la main à son couteau.

— Non, — dit Mowgli, en tirant la lame ; — je ne tuerai plus, sauf pour vivre. Mais regarde, Kaa !

Il saisit le serpent derrière le capuchon, ouvrit de force la bouche avec la lame de son couteau, et montra les terribles crocs venimeux de la mâchoire supérieure, qui apparaissaient noirs et desséchés dans la gencive. Le Cobra Blanc avait survécu à son poison, comme il arrive aux serpents.

Thuu (c’est tout sec[1]), dit Mowgli.

Et, faisant un signe de départ à Kaa, il ramassa l’ankus, rendant au Cobra Blanc la liberté.

— Le Trésor du Roi réclame un nouveau Gardien, dit-il gravement. Thuu, tu as tort. Cours partout çà et là, et amuse-toi, Thuu !

— Je suis déshonoré. Tue-moi ! siffla le Cobra Blanc.

— Il a été trop question de tuer ici. Nous allons partir. Je prends la chose à pointe d’épine, Thuu, comme prix du combat et de ma victoire.

— Prends garde, alors, que cette chose ne finisse

  1. Littéralement : « souche pourrie ». (Note de l’Auteur.)